Femmes d'Ispahan, dix ans plus tard

 Les jeunes filles chantaient souvent cette chanson :
« J'aimerais bien retourner à Ispahan, retourner encore une fois dans cette moitié du monde.
Que j'aille là-bas m'asseoir au bord du Zayanderoud. Que je chante du fond du coeur des chants, des poésies.»
Juillet 1996
 Juillet 1996. Azadeh accompagne sa soeur aînée pour l'achat du miroir de la cérémonie de mariage. Un jour, ce sera à son tour de se marier. En rêve-t-elle?
Juillet 2006. Azadeh s'est mariée avec Mahdi, il y a deux mois. C'est par l'intermédiaire d'un voisin, qui connaissait les deux familles qu'ils ont pu se rencontrer.
 Juillet 1996. Firouzeh veut poursuivre ses études de médecine et ouvrir son propre cabinet, après son congé maternité. 
Juillet 2006. Firouzeh a fait construire une belle maison à Sepahanshahr. Elle a étudié la chirurgie obstétrique et travaille depuis deux ans à l'hôpital de Shahreza.
 Juillet 1996. Fati ne pense même pas à son avenir. Elle ne pense qu'à ses enfants et se demande: « Est-ce que j'existerai toujours pour voir mes enfants réussir et être heureux? » Ils auront une meilleure situation qu'elle car eux ils étudient.
Juillet 2006. Fati habite dans un nouvel appartement moderne des quartiers chics d’Ispahan. Depuis qu’elle a changé de quartier, la vie est plus agréable, elle se sent mieux, plus sereine. Fati suit des cours de Coran, apprend à nager et va régulièrement chez le coiffeur.
 Juillet 1996. Akram a de l’avenir. Elle est chargée de mission auprès de la Commission des affaires des femmes. Elle m’invite à son mariage.
Juillet 2006 « Lorsque nous nous sommes rencontrées à l’occasion de mon mariage, j’étais inquiète, je ne connaissais pas mon époux, ni sa famille, et je me posais beaucoup de questions sur l’avenir. Nous avons appris à nous connaître pendant ces dix années.»
 Juillet 1996. Juillet 2006. Mojgan est venue me chercher avec sa peugeot 206. Tout en conduisant, elle répond aux appels sur son portable. J’en profite pour faire une photo d’elle au volant, je me souviens en avoir fait une, il y a dix ans.
 Juillet 1996. Juillet 2006.
Nouchine donne toujours des cours de dessin, elle a sa propre classe sur l’avenue Sheikh Bahâhi. Beaucoup à Ispahan ont entendu parler de ses cours, sa réputation est bonne. Nouchine expose régulièrement ses œuvres en Iran, elle a même eu une exposition à Los Angeles.
 Juillet 1996. Zeinab est issue d’une famille paysanne. Elle habite avec son mari et ses quatre filles dans un quartier défavorisé au fond d’une ruelle.
Juillet 2006. Zeinab a divorcé et elle est retournée vivre dans son village avec ses enfants. « J’ai moi-même demandé  le divorce. Mon mari était fainéant ». Zeinab tisse toujours des tapis pour un marchand.
 Juillet 2006. Dix ans ont passé, dix ans depuis mon premier voyage. 
Ispahan n’était plus qu’un souvenir lointain, un souvenir du passé. Tout s’est reconjugué au présent et à nouveau, les beautés de cette ville enchantent mon regard et mon cœur.